Les Octrois de l'Orangerie
Le terme d’octroi identifiait dans le passé une taxe payée sur les marchandises qui entraient dans une ville, au passage à un bâtiment sis à l’entrée de la ville. Ce type de taxe ayant disparu (eh oui ça arrive de temps à autre), aujourd'hui ce terme se réfère aux bâtiments encore existants.
Strasbourg a eu plusieurs octrois et deux d'entre eux étaient situés dans notre quartier pour régir l’accès de la ville du côté de la Robertsau qui à l’époque ne faisait pas partie du périmètre urbain. Ils étaient situés en bordures ouest et est du parc de l’Orangerie.
Malheureusement, aujourd’hui un seulement de ces octrois est visible, car l’autre a été démonté dans les années 60 pour les besoins de l’élargissement du pont de la Porte du Canal et depuis lors gît, démonté mais complet, sur un terrain municipal.
Nos deux octrois étaient installés, le premier, sur l’axe Avenue de l’Europe - rue Boecklin et, l’autre sur l’axe rue du Conseil des XV - chemin Goeb. Ce dernier octroi était connu sous le nom d’octroi de la Porte du Canal.
L’octroi de l’Avenue de l’Europe
En allant de l’allée de la Robertsau vers la rue Boecklin, cet octroi se trouve aujourd’hui sur le côté droit de l’avenue de l’Europe en bordure du parc de l’Orangerie mais était autrefois installé juste en face du côté gauche de l’avenue. Il a été démonté à l’occasion de la construction du Palais de l’Europe et remonté en face. Utilisé jusqu’en 2001 comme poste de police pour la surveillance du Conseil de l’Europe, il est depuis lors désaffecté. Caché au printemps / été par l’imposante verdure qui l’enture ce n’est qu’en hiver que l’on peut l’admirer dans sa beauté qui reste intacte malgré les quelques ratages d’une rénovation pas trop respectueuse de ses lignes néoclassiques et du classement du parc au titre des Monuments Historiques.
Dans son action de valorisation du caractère européen de notre quartier, notre Conseil de Quartier avait envisagé d’intégrer cet octroi au projet de parcours des droits de l’Homme qu’il souhaitait voir mettre en place au parc de l’Orangerie, et d’en faire même une étape importante grâce à la mise en service, pour le besoins de ce parcours, de supports multimédia. La Mairie n’étant pas favorable au projet de parcours dans ce parc, il reste l’espoir que cet octroi sera intégré dans un parcours européen qui relierait le Lieu d’Europe, que la mairie a décidé d’installer à la villa Kayserguet, jusqu’au centre ville.
L’octroi de la Porte du Canal
Seuls les anciens habitants du quartier se souviendront de cet octroi qui fut démonté à l’occasion de la reconstruction, en 1961-1962, du pont actuel de la Porte du Canal, car il fallait élargir son emprise. L’ADIQ intervient depuis plusieurs années pour une réinstallation de cet octroi, car il s’agit non seulement de le préserver mais aussi et surtout de réhabiliter notre patrimoine. Elle avait envisagé une réinstallation sur le grand espace vert, proche du pont et donc de l’emplacement originel, qui longe le canal.
La récente décision de la Mairie de rénover le troisième et dernier octroi de la ville sis rue Lauth pourrait laisser espérer le remontage de celui de la Porte du Canal mais à l’heure actuelle aucun signe ne va dans ce sens. Pourtant la rénovation en cours du parc de l’Orangerie aurait été une occasion propice pour y procéder. En effet, notre Conseil de Quartier avait de son côté envisagé de valoriser cet octroi en l’intégrant dans le parcours de droits de l’Homme précité en l’installant, à l’autre bout de l’allée Joséphine, au bord de la rue François-Xavier Richter.
La préservation du patrimoine pouvant passer aussi par son exploitation rationnelle, il serait souhaitable que cet octroi – expression visible d’une période historique de notre ville désormais dépassée par la jonction urbaine entre notre quartier et la Robertsau – soit remonté et utilisé, si ce projet de parcours des droits de l’Homme n’aboutissait pas, pour une activité culturelle ou commerciale qui s’intègrerait dans l’espace vert qui envelopperait ce bijou de notre patrimoine. Toute proposition allant dans ce sens ne pourrait qu’être bienvenue.
En agissant ainsi notre Ville ne ferait que mettre en œuvre ce que d’autres municipalités ont fait depuis longtemps en sauvegardant leurs octrois et en les valorisant dans des espaces aménagés.
Sergio SANSOTTA, mai 2012
PS : D’autres “souvenirs du quartier” concernant les auberges - bistrots - brasseries - commerces et lieux historiques du quartier et la pratique du football sur la place Le Nôtre (eh oui, apparemment c’est ici que les Strasbourgeois auraient commencé à jour au ballon rond) étant en préparation, tout renseignement / photo sur ces sujets sera le bienvenu à la rédaction de notre journal.