L'art nouveau dans nos quartiers : l'hôtel Brion au 22 rue Sleidan
Au 22 rue Sleidan, à deux pas de la place Arnold, il faut absolument s’arrêter devant un véritable bijou d’architecture datant de 1904-1905, signé Auguste Brion, un hôtel de deux étages qu’il s’était destiné à lui-même.
Si la structure associe une charpente en bois à des murs en béton armé, la façade est bien en pierre de taille. Heureusement, grâce au classement à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1975, ce fleuron de l’Art Nouveau a pu être sauvé in extremis ainsi que plusieurs maisons avoisinantes, face à toutes sortes de spéculations…
Cela démontre le peu de cas que l’on faisait alors du Jugenstil ou de l’Art Nouveau, une tendance pourtant très intéressante de l’architecture des années 1900. L’inspiration est avant tout naturaliste. Cette tendance est d’ailleurs européenne : elle s’exprime en Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France et même aux Etats-Unis.
Ce qui est remarquable, c’est la symbiose entre l’extérieur et l’intérieur, courbes, volutes, ondulations, décorations abondantes, l’Art Nouveau se réfère constamment au végétal, tout rappelle les plantes, les fleurs, la nature, qu’il s’agisse de l’intrados de la voûte soutenant le balcon de la travée centrale sculptée d’iris ou des vitraux, des portes en fer ornées de lys ou des ferronneries extérieures en forme d’ailes de libellules, tout est harmonie.
L’avant corps à droite, abritait un jardin d’hiver qui était surmonté à partir de 1908 d’une véranda en fer éclairée par des vitraux. Ces vitraux ont été déposés en 1980 par les propriétaires, Liliane et Michel Borens qui, cette année là, ont eu un véritable coup de cœur pour cet hôtel Brion, devenu depuis 1926 une pension de famille sous l’enseigne d’ « Hôtel Marguerite. » L’importance des travaux était telle que la maison n’avait pas trouvé preneur entre 1972 et 1980.
Liliane et Michel Borens ont, depuis, consacré une grande partie de leur vie à entretenir avec amour ce joyau de notre quartier. Ils entameront aussi la création d’un jardin dans l’ancienne arrière- cour, sur une superficie de 10 mètres sur 20, comme un prolongement de l’architecture.
Liliane Borens, passionnée de jardins, a su réaliser le jardin de ses rêves, comme elle nous le confie elle-même dans l’un de ses ouvrages consacrés aux jardins, Ombres et Lumières sur les jardins d’Alsace (1997) : « …Mon petit jardin a été le théâtre de toutes mes fantaisies, vivant au gré de mes humeurs et de mes hésitations et surtout de mes goûts des effets rapides… Par chance mais aussi grâce à un minutieux et constant travail de la terre qui m’éreinte gaiement à chaque automne, tout me réussit toujours à merveille, si bien que le jardin, à chaque nouvelle saison, n’a jamais l’air d’avoir subi des transformations… »
Joëlle HAEUSSER
Novembre 2010