La rue Jean-Jacques Henner - Un peintre alsacien
Issu d’une famille de petits cultivateurs, Jean-Jacques Henner est né en 1829 à Bernwiller, petit village du Sundgau. Attiré très jeune par la peinture, son frère aîné l’emmène au Musée de Bâle lui faire découvrir les Maîtres Anciens.
De 1841 à 1843, Jean-Jacques Henner suit des cours de dessin au Collège d’Altkirch auprès de Goutzwiller et est admis dans l’atelier de Guérin à Strasbourg. L’octroi d’une bourse lui permet de poursuivre ses études à l’école des Beaux Arts de Paris, d’abord dans l’atelier de Drolling en 1846, puis dans celui de Picot en 1851. Son enseignement passe aussi par celui des musées qu’il fréquente assidûment. Il est marqué par des artistes tels que Titien, Raphaël, le Corrège, le Caravage, Ingres.
Il remporte le Grand prix de Rome en 1858 avec sa composition « Adam et Eve trouvant le corps d’Abel ». Ce prix lui permet de séjourner de 1859 à 1864 à la Villa Médicis à Rome. Il peint en 1860 la « Terrasse de la Villa Médicis » et de délicates vues de Rome et de ses environs ; il visite l’Italie et exécute de beaux paysages pris sur le vif.
De retour en France, il s’établit définitivement à Paris, occupe dès 1867 un atelier place Pigalle et entame une carrière de peintre à succès. Il débute aux Salons de Paris en 1863 et expose jusqu’en 1903. Souvent médaillé aux Salons et Expositions universelles, il est élu à l’Institut de France en 1889 pour remplacer Cabanel. L’Etat français lui achète de grandes oeuvres présentées dans les Salons, tandis que les collectionneurs et marchands lui préfèrent les nus féminins.
Homme généreux, Henner reste fidèle à sa famille et à l’Alsace. Il retourne souvent dans sa région natale et exécute de nombreux paysages alsaciens inspirés de la réalité.
En 1871, « L’Alsace. Elle attend. » le rend célèbre. Cette peinture, qui représente une alsacienne en deuil, est offerte à Gambetta, farouche opposant à l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire allemand.
A l’infini, avec beaucoup de grâce, Henner peint des femmes rousses, aux corps blancs et lumineux qui se détachent d’un fond embrumé d’ombres verdâtres. Ces peintures lui procurent un énorme succès et on peut citer « La femme au divan noir », nu couché (1869), « La Fontaine », nu accroupi (1880), et « La Source », nu assis (1881). Il peint une autre version de la femme : des parisiennes modernes, habillées de noir comme « La femme au parapluie » (1874).
Ses portraits sont d’une grande douceur dans le modelé et d’une impression saisissante de réalité. On lui doit de nombreux portraits de sa famille comme « Alsacienne tenant un panier de pommes », vers 1870, représentant sa nièce Eugénie, et des « Autoportraits ».
D’inspiration religieuse, on note différentes scènes du « Christ », de la « La Magdeleine » ainsi que de « Saint Sébastien ».
Plus tardivement, on lui connaît également quelques natures mortes aux fruits, qui par leur pureté et modernité évoquent Cézanne. Des dessins au fusain, à la craie blanche et rouge et à l’encre complètent son œuvre.
Célèbre au 19ème siècle, Jean-Jacques Henner est l'un des peintres les plus importants de son temps. Grâce à son immense talent et son travail acharné, il reçoit plusieurs distinctions et est nommé Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1903. Il décède deux ans plus tard et est enterré au cimetière de Montmartre.
Henner est présent dans une centaine de musées, à Paris, en province, en Amérique, au Canada et même au Japon. Un Alsacien à Paris : le musée Jean-Jacques Henner ; Jules Henner, neveu de l’artiste, et son épouse, sont à l’origine de la création du musée grâce à l’importante donation faite à l’Etat en 1923. Le musée est installé dans un bel et romantique hôtel particulier, avenue de Villiers dans le 17ème. Lors d'un séjour à Paris, vous pourrez découvrir ce peintre romantique au temps des impressionnistes.
Nicole KAH
Novembre 2010