Peintre français né en 1849 d’un père d'origine flamande et d’une mère alsacienne, Eugène Carrière passe son enfance et sa jeunesse en Alsace. Issu d'un milieu modeste, il est placé très jeune comme apprenti lithographe à Strasbourg et suit des cours à l'école municipale de dessin au Palais Rohan.
En 1869 il s'établit dans la capitale où il vit très pauvrement. Elève aux Beaux Arts à Paris, il suit une formation académique dans l'atelier de Cabanel. Peintre singulier, ses œuvres, méconnues du grand public et parfois incomprises n'ont pas acquis le succès qu'elles méritent.
Eugène Carrière est cependant un peintre important. Il exprime sa création artistique dans des lithographies, des dessins au fusain ou à la sanguine et une abondante peinture à l'huile. Ses thèmes sont variés et représentent notamment des maternités, des scènes d'intimité, des nus, la vie de famille, son entourage, des paysages, des natures mortes, des scènes religieuses et essentiellement des portraits.
Il participe régulièrement à divers salons et manifestations, expose des portraits et des sujets comme « Le baiser de l'innocence », « La famille du peintre », « L'enfant malade ».
En 1876 il débute au Salon à Paris ; il se fait remarquer au Salon de 1879 en présentant « La Jeune Mère ». En 1890, il participe à la fondation de la Société Nationale des Beaux Arts. L'exposition « Auguste Rodin - Puvis de Chavannes - Eugène Carrière » en 1896 à Genève inscrit durablement sa place dans l'histoire de l'art. De 1898 à 1903, il ouvre une académie libre fréquentée par les peintres « fauves » Matisse et Derain.
Eugène Carrière est un grand portraitiste. Il côtoie des personnages illustres de son époque et exécute leurs portraits : le poète Verlaine, les sculpteurs Devillez et Rodin, les écrivains Goncourt et Daudet ainsi que beaucoup d'autres. Ami du sculpteur Auguste Rodin, il exécute son portrait en 1896, une huile sur toile qui se trouve au musée Rodin à Paris.
Pour la coloration de ses toiles, il aime employer des tonalités de brun - noir bistre et du blanc. Sa palette de camaïeux foncés, ponctués de zones lumineuses et de taches d'ombre, lui confère une approche symboliste qui évoque des peintres anciens. Peintre réaliste, préoccupé par la construction fidèle de ses modèles, il travaille sa matière comme un sculpteur. Pour éclaircir et adoucir les visages, qui semblent enveloppés d'un voile de brume, il estompe d'un mouvement fluide de pinceau les contours et la couleur de ses portraits.
En 1996 - 1997 à Strasbourg, une exposition monographique lui était consacrée et en 2006 à Paris, pour fêter son centenaire, un bel événement confrontait sa peinture avec la sculpture de Rodin.
On peut admirer ses ouvres dans plusieurs musées de province, à l'étranger et à Paris, particulièrement au musée d'Orsay et au musée Rodin. Une dizaine de ses toiles, des lithographies et dessins, sont visibles au musée d'Art Moderne de Strasbourg.
Nicole KAH
Mai 2009