Des herbes folles, quelle horreur !
Le printemps s’accompagne, ces dernières années, de récriminations de certains habitants contre les mauvaises herbes poussant au pied des arbres ou dans les caniveaux. L’Alsacien, adepte de la propreté et de l’ordre, peut avoir du mal dans la transition du tout phyto vers le zéro phyto.
Et pourtant c’est bien d’un passage obligé qu’il s’agit. Nos nappes phréatiques et donc l’eau de nos robinets s’accommodent mal de la présence des pesticides.
Au-delà du fait que les herbes folles ne sont pas « sales » et que les assimiler à de la saleté ne tient qu’à un état d’esprit ancré dans les générations, il convient de poser l’équation suivante : mauvaises herbes = bonnes eaux.
Nous nous sommes informés auprès du service des Espaces verts de la Ville afin de savoir de quelle manière ils négocient le virage vers le zéro phyto.
La phase de transition n’est pas simple pour ce service, qui s’occupe des herbes folles autour des arbres, sur les places et sur les espaces verts. La démarche zéro phyto interdisant les pesticides, il a fallu passer à une gestion « différenciée », mettant en œuvre d’autres moyens, mécaniques pour l’essentiel, ou naturels, en fonction des endroits.
Ainsi les pieds des arbres peuvent soit bénéficier d’arrachages mécaniques des herbes, soit d’un ensemencement de plantes alternatives qui en couvrant le sol limitent la pousse des herbes indigènes, et que l’on va faucher au rythme de deux à trois fois par an.
Pour les espaces en sablé type place du Conseil des Quinze on procèdera à l’arrachage mécanique au rythme de trois à quatre fois par an. Pour des espaces enherbés type berges du bassin des Remparts ce seront des fauchages deux à quatre fois par an.
Aucun site n’est laissé à l’abandon. Quant aux trottoirs et caniveaux ils relèvent du service Propreté que nous n’avons pu joindre encore mais dont nous savons qu’ils procèdent à une destruction mécanique des herbes à une cadence dont les riverains sont prévenus à l’avance.
Mai 2010
HERBES FOLLES ET VOITURES VENTOUSES
Le 20 avril dernier au lycée Sainte Clotilde, une réunion publique destinée à informer les habitants de la mise en place d’une nouvelle procédure de nettoyage des caniveaux et des trottoirs, était organisée par les élus Olivier Bitz, Adjoint en charge de notre quartier et de la sécurité publique, et Caroline Barrière, Vice-présidente de la CUS en charge de la propreté.
Le premier secteur pilote de la ville est situé dans notre quartier. Il s’agit de douze rues situées de part et d’autre des rues Geiler et Schweighaeuser qui seront soumises, deux heures par mois à partir du mois de juin, à un nettoyage obligatoire des caniveaux.
Il faut dire qu’une difficulté de taille pour le service Propreté est la présence des voitures « ventouses », autrement dit les véhicules garés à poste fixe des jours et des semaines durant. La conséquence en est l’accumulation des sédiments dans les caniveaux et la poussée de l’herbe.
On sait peu que la durée de stationnement au même emplacement est interdite par le code de la route au-delà de sept jours, après quoi le véhicule encourt la mise en fourrière. Mais l’efficacité de la mesure est liée au signalement des voitures ventouses à la police municipale, laquelle doit ensuite contrôler la durée de stationnement.
Dans le nouveau dispositif, le stationnement sera interdit pendant les deux heures mensuelles. Des panneaux fixes le signaleront. Les contrevenants retrouveront leur véhicule en fourrière. L’efficacité passe inévitablement par cette mesure contraignante.
Mais au-delà du thème du nettoyage urbain, peut se poser une question de fond : comment en est-on arrivés à honnir autant les herbes des trottoirs ? Pourquoi celles-ci sont devenues synonymes de saleté en ville, alors que l’on va rechercher leur présence le week-end à la campagne ?
L’herbe est pourtant la vie qui tente de se maintenir dans ce champ de béton qu’est devenue la ville ; elle est aussi la touche de couleur, de gaieté, d’originalité dans un ensemble où le gris prédomine. Les qualificatifs de « mauvaises herbes » ou « d’herbes folles » sont d’ailleurs scientifiquement et écologiquement impropres, chaque herbe ayant un rôle particulier à jouer dans l’écosystème et la biodiversité.
Les herbes de nos trottoirs, pas si folles, témoignent de notre inconscience passée. Car si elles poussent à nouveau, c’est pour une raison impérative : les pesticides à Strasbourg sont condamnés, dans l’intérêt général. Cette démarche « zéro phyto » est engagée pour le bien et la santé de tous.
Il était si facile de désherber chimiquement les trottoirs… Un coup de pulvérisateur, et hop : plus rien ne bouge. Revers de la médaille : aucun pesticide n’est anodin pour l’environnement et la santé humaine. Même les très rares que l’ont croyait « propres » il y a vingt ans, comme le Roundup (matière active Glyphosate pour les initiés), sont aujourd’hui cloués au pilori.
En effet on retrouve les produits phytosanitaires (ceux que l’on recherche, car il n’est économiquement pas possible de tous les analyser), dans notre alimentation, dans l’air, et bien sûr dans l’eau, celle que nous buvons.
En pointant le bout de leur nez entre deux pavés sans vie, les herbes des trottoirs nous délivrent un satisfecit.
Novembre 2009