Trubner, un éditeur au XIXe siècle

Issu d’une famille d’orfèvres et joailliers, Karl Ignaz Trübner est né en 1846 à Heidelberg. Il est le neveu de Johann Nicolas Trübner, d’une trentaine d’années son aîné et réputé pour l’importante maison d’édition qu’il a ouverte en 1852 à Londres. Destiné à suivre les traces de son père mais sans doute influencé par son  célèbre oncle, Karl s’oriente vers « le livre ».

 

Trübner fait son apprentissage chez Morhr et Zimmer, éditeur, libraire à Heidelberg, puis se perfectionne à la maison Brockhaus à Leipzig. Il apprend le français et l’anglais à Genève et suit des cours de latin et de grec.

 

Il s’établit à Strasbourg après la guerre de 1870 et ouvre en 1872 une librairie de détail internationale (sa bibliothèque compte pas moins de 100 000 volumes) puis une imprimerie et une maison d’édition. Ces activités étaient situées place Gutenberg et place de la Cathédrale (actuelle librairie Gangloff).

 

Il se spécialise dans le domaine universitaire en se faisant connaître par des publications scientifiques. En 1890 il  publie « Minerva », un annuaire du monde savant, très élégant, où chaque volume est rehaussé d’une minerve sur la couverture et le portrait d’un savant à l’intérieur. Destiné à un réseau d’élite de savants du monde entier, cet ouvrage, avec les renseignements précieux qu’il contient, connaît rapidement un vif succès.

 

Attentif au régionalisme, Trübner laisse une œuvre importante. Citons entre autres « Strasbourg et ses bâtiments », un ouvrage de référence sur l’architecture à Strasbourg, et la réédition de « la Nef des fous » de Sébastien Brant pour la Société des Bibliophiles Alsaciens.

 

Trübner se diversifie en s’orientant de plus en plus vers la librairie d’antiquariat et en publiant des catalogues de livres anciens pour des ventes aux enchères.

 

Il est le principal négociateur de la restitution aux allemands du « Codex Manesse » par la Bibliothèque Nationale de Paris en 1887, ouvrage ayant quitté l’Allemagne au XVème siècle et présent en France au XVIIème siècle. En échange d’argent et de manuscrits, cet ouvrage exceptionnel a pu revenir à Heidelberg. Le Codex Manesse, datant de 1310, est un recueil de chants et poésies allemands illustré de magnifiques enluminures.

 

Pour les mérites dont il faisait preuve dans les domaines scientifiques, linguistiques et archéologiques, l’université le nomma professeur honoris causa en 1898. Il occupa aussi des postes honorifiques dans les domaines de l’art, la librairie, l’industrie du livre, les bibliothèques et les musées.

 

Trübner habitait rue Schweighaeuser. A son décès, en 1907, sa maison d’édition est reprise par l’éditeur Walter de Grüyter.

 

Afin d’honorer la mémoire de Trübner, pour sa réussite indiscutable, pour ses dons en argent et en peinture de maîtres anciens, la Ville de Strasbourg donna son nom à une rue de notre quartier.

 

Nicole KAH

Novembre 2013