Les Anciennes Archives Départementales

ANCIENNES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES : UN SECOND PROJET PROMETTEUR

(Novembre 2014)

 

Dans ce dossier de réhabilitation des bâtiments des anciennes Archives départementales, que l’ADIQ suit depuis leur mise en vente par le Conseil Général, nous n’avions pas introduit de demande de classement d’urgence au titre des Monuments Historiques telle que prévue par l’article L621-7 du code du patrimoine, afin de ne pas gêner la réhabilitation de cet ensemble à laquelle nous étions favorables.

 

Nous nous étions malgré tout heurtés au mutisme étonnant de l’architecte du premier projet, Mérat Workteam. Alors que nous nous apprêtions à montrer les dents, nous avons appris que les promoteurs (une société de droit néerlandais à capitaux israéliens) s’étaient séparés de cet architecte (on peut les comprendre si la communication était de même nature avec eux…). Nous avons rencontré les promoteurs le 11 juillet à l’initiative de notre Adjoint de quartier M. O. Bitz, en présence des Amis du Vieux Strasbourg, puis une seconde le 15 juillet pour une visite des lieux, et une troisième le 23 septembre lors de la réunion publique de présentation du projet qu’ils ont organisée dans le quartier.

 

Et il s’avère que les promoteurs n’ont pas perdu au change avec leur nouvel architecte, Patrick Schweitzer, qui a conçu un projet de réhabilitation qui nous a agréablement surpris – ce qui est plutôt inhabituel – en ce qu’il a été pensé après avoir pris toute la mesure de l’intérêt patrimonial du bâtiment, à l’inverse du premier projet qui ressemblait au copié-collé d’une réhabilitation que son architecte avait commise dans le quartier, mais pour un bâtiment radicalement différent.

 

C’est ainsi que Patrick Schweitzer a eu l’audace d’intégrer dans le projet les rayonnages métalliques du bâtiment allemand, que tout architecte « normal » aurait d’emblée envoyés à la ferraille sans chercher à comprendre ; ainsi sera conservé l’esprit originel des lieux. Notons de même qu’il n’y aura plus d’extensions sur les toits, que l’aspect des façades sera entièrement respecté, et que la clôture de la rue Fischart sera remise en l’état d’origine.

 

Le bâtiment à l’arrière, qui n’est pas d’origine, ne présente aucun intérêt et ne sera regretté par personne ; il sera démoli pour laisser la place à un nouveau bâtiment dont les étages végétalisés se réduiront en superficie au fur et à mesure qu’ils s’élèvent, sans dépasser la corniche du bâtiment central, laquelle sera d’ailleurs restituée et mise en valeur.

 

Il sera aménagé quelque 42 parkings souterrains (aucun véhicule en surface) sous le bâtiment allemand et le bâtiment central, nombre correspondant au maximum réalisable, et qui dépasse la norme municipale minimaliste de 0,5 parking par logement (que nous critiquons vivement à l’ADIQ). A l’extérieur les grands arbres seront conservés.

 

Au final ce seront 400 m2 habitables en moins par rapport au premier projet, cette diminution étant le prix à payer pour une réhabilitation de qualité où le mètre carré habitable n’est plus le critère unique.

 

Les riverains de la rue Fischart n’y subiront aucun désagrément visuel au contraire, tandis que certains de ceux de la rue Schweighaeuser auront certes des vis-à-vis avec quelques appartements du bâtiment français, et on comprend leur désappointement, mais ceci est inéluctable en cas de réhabilitation, sauf à laisser ces bâtiments remarquables croupir en l’état.

 

Enfin un projet de construction satisfaisant en secteur patrimonial, c’est suffisamment rare pour être souligné. Puissent les autres promoteurs en prendre de la graine…

                                                    

Jean-Luc DÉJEANT

 

 

ANCIENNES ARCHIVES DEPARTEMENTALES, SUITE

 (Mai 2014)

 

Suite à nos précédents articles sur le sujet (Quinze novembre 2013), de nombreux habitants inquiets de la vente et du projet de réhabilitation approuvés par le Conseil Général propriétaire, ont approché l’ADIQ.

 

Pour mémoire nous étions arrivés à la conclusion qu’il n’était pas sérieusement concevable que les bâtiments puissent être dégradés, dans leur aspect extérieur du moins, compte tenu du contexte actuel d’extension du Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) ainsi que du projet de classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO de ce secteur de la Neustadt.

 

Compte tenu de cette conclusion, nous avons renoncé à demander un classement d’urgence afin de ne pas gêner la vente et la réhabilitation des bâtiments. En effet il ne serait pas bon pour leur pérennité qu’ils demeurent désaffectés encore longtemps.

 

Le Président du Conseil Général, M. Guy-Dominique Kennel, auprès de qui nous étions intervenus, nous a répondu en mars que la commission constituée pour étudier les projets d’affectation qui lui seraient soumis, et le parti architectural de ces projets, a retenu le projet de la société CDDO B.V.

 

Le Président Kennel nous précise qu’il appartiendra à l’Architecte des Bâtiments de France d’être le garant du respect du patrimoine architectural, et qu’au final il reviendra à la Ville de Strasbourg d’accorder ou non le permis de construire.

 

Après avoir pris connaissance des plans du projet néerlandais, l’ADIQ a pris l’initiative début avril d’écrire au représentant du promoteur à Strasbourg, à savoir l’architecte du projet, afin de proposer une entrevue.

 

Nous lui avons précisé d’emblée que nous n’étions pas opposés au projet a priori – ce qui est la vérité –, et que nous souhaiterions lui faire part d’interrogations et de suggestions.

 

En effet nous voudrions discuter des possibilités de faire en sorte que les deux extensions sur les toits ne soient pas visibles des rues environnantes, ou le moins visible possible. Une autre suggestion de notre part sera de maintenir la mémoire de l’usage premier du lieu, sans que cela préjudicie à la réhabilitation.

 

Nous ajoutions à l’érchitecte qu’il était de son intérêt comme du nôtre d’en discuter avant dépôt de la demande de permis de construire. Or cette demande étant restée lettre morte à ce jour et, faut-il le dire, notre association supportant mal le mutisme lorsqu’elle fait une demande courtoise, une relance va être adressée. Affaire à suivre !

 

 

Jean-Luc DÉJEANT

 

 

Les Anciennes Archives Départementales

(Novembre 2013)

 

Le quartier des XV, notre quartier, abrite un bâtiment qui se dresse avec majesté au début de l'avenue de la Forêt Noire. L'édifice, propriété du Conseil Général, a abrité les archives départementales pendant 117 années. Ce site a été bâti en plusieurs étapes et à différentes périodes. Pour mieux le connaître abordons le côté historique.

 

Suite à une décision du 22 Décembre 1789, l'Etat français fut divisé en départements dès 1792. En 1796, en application de la loi du 5 brumaire an V, sont rassemblées dans ces départements des archives provenant des documents des seigneuries laïques et religieuses et des administrations supprimées.

 

Pour le Bas Rhin les lieux de stockage furent successivement : de 1796 à 1805 l'ancien hôtel de l'intendant (actuel hôtel du préfet), de 1805 à 1867 le grenier d'abondance (actuelle annexe du théâtre municipal) et de 1867 à 1896 l'ancien magasin des tabacs (rue Brulée).

 

Ces locaux étant peu adaptés à cette fonction, le président du district de la Basse Alsace décide en 1890 la construction d'un bâtiment spécifique à la conservation et au traitement des archives. L'emplacement choisi se trouve dans la Neustadt en plein essor, à proximité de la nouvelle université.

 

Le projet est confié à un architecte strasbourgeois réputé, Max Metzenthin, qui aura pour assistants deux de ses confrères MM. Cavael et Landshut. La construction, commencée en 1891, sera inaugurée en 1896. Construite en pierre de taille elle est de style néo-classique (renaissance italienne). « Il unit la pierre, le fer et le verre pour un tout harmonieux » (Allgemeine Zeitung 8 juillet 1896).

 

Deux édifices sont reliés entre eux par une galerie. Le premier, situé le long de l'avenue de la Forêt-Noire, est destiné au stockage des documents ; c'est un vaste magasin sur 6 niveaux comportant 7000 mètres de rayonnages. Les sols métalliques et à claire-voie permettent une aération parfaite mais aussi, malheureusement, la circulation de la poussière qui a tendance à s'amasser au rez de chaussée…

 

Le deuxième, sis rue Fischart, est destiné à l'administration et au logement du gardien. Le premier directeur était le Dr Wiegand. A la suite, rue Fischart, un autre grand dépôt a été construit en 1929/30 dans la continuité architecturale des bâtiments existants (principe dont devraient s'inspirer certains bâtisseurs) mais avec des matériaux moins nobles (les parties non visibles sont en briques). Il apporte une capacité supplémentaire de 11000 mètres de rayonnages métalliques.

 

Au cours des années 1950 une salle de conférence et un logement ont été accolés à l'arrière du bâtiment administratif en sa partie non visible de la rue. En 1972 une nouvelle construction d’aspect moderne verra le jour qui, depuis peu rachetée par l'Etat, abrite une annexe de la B.N.U.

 

Les édifices anciens ont été mis en vente ; le ou les acheteurs éventuels avaient jusqu'au 9 septembre 2013 pour déposer leurs offres. Le site n'est ni inscrit ni classé mais le nouvel acquéreur ne pourra pas, en principe, modifier l'aspect extérieur des bâtiments afin de respecter l’harmonie de ce secteur de la Neustadt.

 

Gérard GROSCOLAS

novembre 2013

 

Que vont devenir les Anciennes Archives Départementales ?

 

A l’annonce de la mise en vente des Anciennes Archives, l’ADIQ s’est naturellement interrogée quant aux risques éventuels pour ce bâtiment remarquable de la Neustadt, et a travaillé sur une demande de classement d’urgence au titre des Monuments Historiques.

 

Toutefois nous sommes rapidement arrivés à la conclusion qu’il n’était pas sérieusement concevable que le bâtiment soit dégradé, dans son aspect extérieur du moins, compte tenu du contexte actuel d’extension du Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) ainsi que du projet de classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO de ce secteur de la Neustadt.

 

Compte tenu de cette conclusion, nous avons renoncé à demander un classement d’urgence afin de ne pas gêner la vente et la réhabilitation du bâtiment. Pour autant l’ADIQ restera très attentive à l’évolution de ce dossier. Les offres d’achat ont été réceptionnées jusqu’au 9 septembre 2013 date limite. A ce jour la commission permanente du Conseil Général n’a pas encore pris de décision.

 

Jean-Luc DÉJEANT

Novembre 2013