Le patrimoine de la chimie à Strasbourg rue Goethe : l'ancien institut de chimie de la Kaiser-Wilhelms-Universitat

Le long bâtiment sis au numéro 12 de la rue Goethe qui abrite aujourd’hui la Faculté de Psychologie de l’Université de Strasbourg, n’est autre que l’ancien Chemisches Institut (Institut de Chimie) construit pour l’université allemande qui fonctionna à Strasbourg de 1872 à 1918. Inaugurée il y a 140 ans, cette université devint, à partir de 1877, la fameuse Kaiser-Wilhelms-Universität (KWU).

 

Sans vouloir présenter ici l’historique complet dudit bâtiment, il convient de relever que ce fut l’architecte Hermann Eggert (1844-1920) qui le conçut en prenant en compte les indications du chimiste Rudolph Fittig (1835-1910), professeur à la KWU et directeur du Chemisches Institut. L’ouvrage fut réalisé entre 1877 et 1882. Sa longueur était motivée par un souci d’aération efficace. Le petit immeuble sis au numéro 18 et relié à l’institut par un corridor était autrefois le logement du directeur.

 

Le prédécesseur de Fittig en tant que professeur de chimie à Strasbourg (1872-1875) était Adolf von Baeyer (1835-1917), qui reçut le prix Nobel de chimie en 1905. Dans le groupe de von Baeyer à Strasbourg travailla Hermann Emil Fischer (1852-1919), prix Nobel de chimie en 1902.

 

Fittig prit sa retraite en 1902 et ce fut Johannes Thiele (1865-1918) qui lui succéda en tant que professeur de chimie à la KWU, mais aussi en qualité de directeur du Chemisches Institut. Parmi les collaborateurs de Thiele à Strasbourg fut Hermann Staudinger (1881-1965) qui y passa quelques années. Staudinger reçut le prix Nobel de chimie en 1953 pour ses découvertes dans le domaine de la chimie macromoléculaire. Mais à Strasbourg, Staudinger découvrit une nouvelle famille de molécules organiques, les cétènes dont la formule générale est R1R2C=C=O ; cette découverte fut publiée en 1905.

 

Après la Première Guerre Mondiale, la KWU cessa d’exister. L’Université française de Strasbourg ouvrit à nouveau ses portes, le Chemisches Institut entra dans son patrimoine et continua d’être affecté à la chimie pendant de nombreuses années.

 

Ce bâtiment se situe dans la Neustadt, partie de la ville possédant une architecture dont la richesse et la valeur justifieraient son incorporation au patrimoine mondial de l'UNESCO.

 

Les chimistes dont les noms ont été cités auparavant font partie de la pléiade de personnalités de grande valeur qui ont étudié et/ou travaillé ou travaillent à Strasbourg.

 

Adrian-Mihail STADLER et Juan RAMIREZ, mai 2012