La rue de Bruxelles en autopromotion

 

Un concept innovant et louable

L’autopromotion est une démarche innovante par laquelle un certain nombre de ménages se réunissent pour monter ensemble un projet de construction sans recourir aux services d’un promoteur.

Au-delà de cela le groupe d’auto-promotion partage des valeurs sociales et environnementales qu’il met en pratique au-travers du type d’habitat et de ses parties communes. Pour autant il ne s’agit en rien d’une vie en communauté, mais d’une manière d’adapter son logement à ses aspirations et à ses besoins.

En même temps ce n’est pas pour le groupe qui s’engage la solution de facilité – loin s’en faut. Ce n’est pas non plus une affaire d’or car le coût final n’est pas très inférieur au prix du marché, mais là n’est pas le but recherché.

 

L’opération municipale « 10 terrains pour 10 immeubles durables » est donc à saluer, tant elle n’est pas non plus pour la Ville la solution de facilité. Cette dernière a proposé à la vente les dix terrains répartis sur différents quartiers, avec un cahier des charges conditionnel tendant à la durabilité de la construction. La Ville facilite également la mise en relation des candidats pour la constitution des groupes.

Le choix du terrain discuté

Dans notre quartier la Ville a décidé de réserver à l’autopromotion le seul terrain libre de la rue de Bruxelles. Ce terrain avait déjà fait l’objet il y a plusieurs années d’une vague d’opposition des riverains contre un projet de son propriétaire, Cus Habitat, qui y avait finalement renoncé.

Pour satisfaire à sa politique de densification urbaine, la Municipalité actuelle et son Adjoint à l’Urbanisme ont malgré ce décidé d’acquérir le terrain de Cus Habitat afin de le construire… sans consulter la population riveraine. C’est pourquoi, lorsque le Conseil de quartier fut amené à se pencher sur les deux projets en lice, le besoin de combler la carence et de consulter la population est aussitôt apparu. Mais consulter une fois le projet sur les rails est un exercice ingrat.

Car nous nous trouvons dans un secteur où la densité est déjà importante et où les difficultés de stationnement sont aigües. De plus le Conseil de quartier penchait plutôt vers le second projet, tandis que le jury municipal a retenu le premier. Les critiques adressées au projet retenu tenaient essentiellement à deux éléments.

 

D’abord la forme du bâtiment côté rue, que d’aucuns ont assimilé à un bunker voire à une cloche de vache ! Evidemment tout est affaire de goût mais il est vrai que ce bâtiment s’il n’évolue pas dans son esthétique ne pourra pas se fondre dans l’environnement bâti. Toutefois le groupe d’auto-promotion a dit devant le Conseil de quartier que le projet restait évolutif et que l’esthétique pourrait être modifiée.

Le second élément tient au nombre de places de stationnement prévu : 7 pour 14 logements. C’est la nouvelle norme municipale : ½ place seulement par logement. Or même si le groupe est sincèrement adepte de la diminution de l’usage de la voiture, il a déjà 7 voitures pour actuellement 11 familles, alors que 3 autres familles devront se rajouter et surtout deux crèches. Ensuite se posent des interrogations pour l’avenir, car au fil des changements de propriétaires le nombre de voitures peut augmenter. Une solution pourrait s’envisager : limiter le nombre de voitures dans le règlement de copropriété, ce qui n’est pas encore prévu.

 

Au-delà de l’immeuble concerné, se pose la question de la pertinence de la nouvelle norme de stationnement. On peut en effet douter qu’elle incitera les habitants à posséder moins de voitures. Ce qui revient à dire que construire sans assurer le stationnement adéquat contribue immanquablement à l’engorgement des rues par la voiture : c’est l’un des nombreux travers de la densification urbaine.

Tout ceci n’enlève rien à la valeur, et du projet d’autopromotion, et du groupe qui le porte, constitué de ménages sérieux et entreprenants qui travaillent et élèvent leurs enfants, comme tout le monde, quoi ! Et pour continuer sur des points positifs, nous citerons la mixité sociale qui résultera de ce projet situé dans un secteur où prime l’habitat social. Citons également la présence de deux crèches parentales parmi les partenaires. Et rappelons enfin que le bâtiment intègrera le développement durable avec une basse consommation d’énergie. Pour exemple !

 

Quinze mai 2010