Extension de la Clinique de l'Orangerie : concertation et accord amiable

Le lecteur se souviendra peut-être qu’à la fin de 2010 l’ADIQ avait été sollicitée par des habitants pour examiner le projet d’extension de la clinique de l’Orangerie, face au site actuel, de l’autre côté de la rue Geiler.

 

Considérant que cette partie de la rue Geiler abritait de beaux bâtiments du 19e siècle entre lesquels le projet devrait s’intercaler, et que l’aspect extérieur moderne de la construction projetée faisait preuve malgré tout d’une certaine sobriété et d’un effort d’intégration dans l’environnement bâti, nous avions estimé qu’une action contre le permis de construire n’était pas appropriée.

 

Mais les travaux ne furent pas réalisés, jusqu’à la fin de janvier 2013 où la Clinique, ayant modifié son projet, obtint un nouveau permis de construire. Le nouveau projet d’extension n’était plus dédié à l’endoscopie mais à la chimiothérapie, mais surtout avec le rajout d’une passerelle faisant liaison entre la clinique actuelle et l’extension, 8 mètres au-dessus du sol de la rue Geiler.

 

Le projet était présenté par la Clinique en Conseil de Quartier où il ne soulevait pas d’opposition particulière. L’ADIQ de son côté, de concert avec la Société des Amis du Vieux Strasbourg, jugea nécessaire d’entrer en discussion avec la Clinique au sujet de la passerelle dont le projet posait difficulté dans ce secteur, car même si le bâtiment historique de la Clinique est de facture moderne, l’autre côté de la rue Geiler ne l’est pas ; la question de la perspective était également pour nous un vrai problème.

 

Notre proposition d’entrevue fût aussitôt accueillie par le directeur de la Clinique, M. Esmilaire, et se déroula le 21 février 2013 en présence de l’architecte, M. Parent.

 

Nous savions qu’une liaison souterraine, si elle était techniquement envisageable, exigerait un chamboulement complet de l’agencement des services de la clinique, un nouveau permis de construire, et un recours contentieux.

 

C’est pourquoi notre idée était de proposer d’abord trois aménagements préalablement mis au point avec la Société des Amis du Vieux Strasbourg (M. Pierre Deutsch), visant à intégrer au mieux la passerelle dans l’existant. En cas de refus nous formions un recours gracieux demandant le retrait du permis de construire, avant recours contentieux.

 

Nos propositions consistaient d’une part à faire pousser des arbres de part et d’autre de chacun des côtés de la passerelle, la couronne de ces arbres devant couvrir la hauteur de la passerelle, ce qui n’est pas le cas des arbres actuellement en place dans la rue, et le projet prévoyant que ces arbres demeureraient au-dessous de la passerelle. Avec notre proposition, le volume des arbres viendrait masquer, à terme, les liaisons de la passerelle avec les deux immeubles de la Clinique.

 

D’autre part nous proposions de choisir en commun une teinte pour la structure de la passerelle qui permettrait de s’adapter au mieux à la couleur « moyenne » du ciel (une sorte de… gris clair !), de manière à atténuer autant que faire se peut la vue de la passerelle depuis la rue. Enfin nous demandions de modifier la couleur des vitrophanies végétales, prévues en vert, par une teinte grisée transparente plus discrète, toujours eu égard à la perspective depuis la rue.

 

Nos propositions ont été intégralement acceptées par nos interlocuteurs. D’autres réunions ont eu lieu ensuite sur le site avec les services municipaux et avec l’architecte afin de régler les incidences administratives des aménagements, dont le coût sera pris en charge par la Clinique. Un protocole d’accord a été signé entre la Clinique, l’ADIQ et les Amis du Vieux Strasbourg.

 

A noter qu’il conviendra d’attendre quelques années que les arbres aient poussé à la hauteur voulue, notamment les deux robiniers supplémentaires qui seront plantés cet hiver.

 

Naturellement, en défenseurs du patrimoine, tant l’ADIQ que les Amis du Vieux Strasbourg auraient préféré qu’il n’y ait pas de passerelle du tout. Mais dans certaines circonstances il faut savoir s’accorder – pour autant que les pétitionnaires soient ouverts à la discussion, ce qui était le cas dans ce dossier – plutôt que d’aller à la confrontation, qui doit rester la dernière option.

 

De plus nous avions affaire à un établissement dont la vocation est de soigner les gens voire de sauver des vies, en l’occurrence du cancer pour ce qui concerne cette extension, et ce paramètre là fut pris aussi en considération.

 

Jean-Luc DÉJEANT

Novembre 2013