Erckmann et Chatrian

UNE RUE, DEUX ECRIVAINS : LA RUE ERCKMANN – CHATRIAN

 

Saviez-vous que ERCKMANN et CHATRIAN étaient deux écrivains que le destin a fait se rencontrer ?

 

Emile Erckmann est né en 1822 à Phalsbourg, cinquième et dernier enfant d’un père relieur et papetier. En 1832, au décès de sa mère, Emile est placé interne au collège de Phalsbourg où il mène une scolarité sérieuse mais triste. Il devient bachelier à Nancy en 1841 et part à Paris étudier à la faculté de droit. Il fréquente le milieu littéraire et publie la brochure « Du recrutement militaire » en 1843, sa première œuvre. Il échoue en 1845 à sa troisième année de droit, études qu’il reprendra par la suite. Malade, il retourne à Phalsbourg et se projette dans une carrière littéraire.

Alexandre Chatrian est né le 18 décembre 1826 au Grand Soldat, onzième enfant d’une fratrie de douze. Son père y possède une verrerie. Elève studieux, passionné de lecture, son oncle maternel l’envoie étudier sous l’autorité de l’abbé Thony à Dabo. En 1842, Alexandre suit pendant deux ans la classe industrielle au collège de Phalsbourg. A la fin de ses études, après avoir travaillé en Belgique dans une verrerie, il revient en 1847 comme maître d’études dans ce même collège. Quelques années plus tard, il devient employé de bureau aux Chemins de fer.

C’est leur professeur au collège de Phalsbourg, M. Perrot, qu’ils viennent consulter chacun de leur côté, qui encourage leur vocation littéraire naissante et leur conseille de s’associer. C’est une amitié qui nait en 1847 et une formidable aventure littéraire qui s’ébauche. Erckmann tient la plume, Chatrian place les œuvres chez les éditeurs et adapte des pièces pour les théâtres.

En 1849 ils publient ensemble « Malédiction et Vin rouge et Vin blanc », un feuilleton suivi d’autres contes les années suivantes. En 1859, grâce à Nathan Sichel, du journal Le Constitutionnel, est publié Hugues-le-Loup, un feuilleton qui démarre leur carrière à succès. Théophile Schuler, graveur, dessinateur, illustre leurs ouvrages durant une quinzaine d’années. Hetzel, éditeur et écrivain, publiera la majorité de leurs œuvres. Emile Zola leur rend hommage dans le Salut Public. Ils côtoient Gustave Doré et Victor Hugo qui les soutiennent.

Ils signent ensemble de nombreux romans nationaux et populaires, des contes, des œuvres dramatiques. Relevons quelques titres célèbres : L’Ami Fritz, Le Conscrit de 1813, Madame Thérèse, Histoire d’un paysan, Les Vieux de la vieille, Les fiancés d’Alsace... Leurs romans populaires relatent des descriptions familières d’humbles gens d’Alsace et de Lorraine.

Le conflit de 1870 les divise. Chatrian est favorable à une revanche militaire de la France sur l’Allemagne, tandis que Erckmann pense qu’une nouvelle guerre avec l’Allemagne serait un désastre.

Leur amitié se délite en 1887, alors que Chatrian, dont la santé mentale se dégrade, informe Erckmann qu’il a fait appel à des « nègres », qu’il a rétribués sur la caisse commune, pour adapter certaines pièces au théâtre. L’affaire passe en justice, le jugement est rendu en faveur d’Erckmann. La rupture devient totale quant le secrétaire de Chatrian fait publier un article injurieux sur Erckmann dans le Figaro en 1889.

Chatrian meurt en 1890. Alsaciens et Vosgiens d’autrefois et Fables Alsaciennes et Vosgiennes comptent parmi les derniers écrits d’Erckmann seul, qui décède en 1899.

Nous nous souvenons tous avoir été marqués dans notre jeunesse par au moins un de leurs romans populaires : l’Ami Fritz, dont la tradition du mariage annuel nous rappelle le bon souvenir.

Nicole KAH, mai 2011