Certaines perspectives créées par les
voies urbaines constituent des éléments patrimoniaux à part
entière. Elles seront d’ailleurs répertoriées comme tels dans le
futur PLU de la communauté urbaine.
Il peut s’agir par exemple d’un
alignement de jardinets de façades, d’arbres, de constructions
homogènes, ou encore de vues plus ou moins lointaines sur un
monument historique ou simplement sur un horizon libre.
Prenons par exemple la rue
Schweighaeuser. Celle-ci, depuis le boulevard Tauler, offre au
printemps un alignement d’arbres fleuris du plus bel effet ;
le reste du temps elle permet une belle vue au loin sur la
Cathédrale.
Mais il faut parler des erreurs à ne
pas répéter, celles qui, pour cause d’urbanisation peu réfléchie,
ont gâché ou carrément obstrué une belle perspective. Et là deux
exemples : l’allée Joséphine d’abord, somptueuse voie
centrale du parc de l’Orangerie aboutissant au pavillon Joséphine
depuis le Bon Pasteur, qui vient d’être réaménagée dans les
règles de l’art.
Et bien si vous vous placez au début
de l’allée, côté rue François-Xavier Richter, vous aurez
l’impression que le pavillon Joséphine, classé Monument
Historique, est coiffé d’une sorte de haut-de-forme quadrangulaire
en acier qui brille au soleil. Ce n’est autre que le toit
métallique du bâtiment principal du Conseil de l’Europe, qui
culmine à 40 mètres !
Lors de sa construction, terminée en
1977, la municipalité ne devait guère se préoccuper de
perspectives patrimoniales, et c’est regrettable, car ce beau
bâtiment européen aurait pu aisément être élevé un peu plus
loin et ainsi ne pas porter atteinte à son petit et ancien voisin.
Prenons un autre exemple : la rue
Vauban, en bordure extérieure de notre quartier. Placez-vous au
début de la rue Vauban en venant de la place d’Islande et cherchez
la perspective vers le centre insulaire. Vous ne la trouverez pas,
car elle a été littéralement bouchée par un immense mur brun, tel
un rideau noir définitivement tombé sur le spectacle de la rue.
Celui-ci n’est autre que la paroi du
collège doctoral européen de l’Université de Strasbourg,
construit au début du boulevard de la Victoire en 2008. Pourtant le
collège doctoral, dont l’architecture est fort intéressante,
aurait pu sans difficultés être bâti plus à l’intérieur du
terrain, près de la tour de Chimie voisine, et de la sorte ne pas
obturer la perspective urbaine.
Encore aurait-il fallu y réfléchir
avant… Mais au fait, réfléchir avant aux impacts de tel ou tel
projet d’urbanisme, cela ne s’appelle-t-il pas la planification
urbaine ?
Jean-Luc DÉJEANT, novembre 2012 |